Dans l'antre de l'artiste Guillaume Massicotte
À la pensée de me rendre dans l’atelier d’un artiste, son
lieu de création, les narines me titillent de l’odeur de mystère qui en émane. On ne peut qu’imaginer à quoi cela peut
ressembler, un peu comme le grenier d’une vieille maison, la bibliothèque d’un
manoir anglais. C’est qu’on présage
qu’il y aura un tas d’objets éclectiques, des matériaux, des trucs ramassés ça
et là, bref, tout ce qui pourrait éventuellement servir pour une prochaine
œuvre, un nouveau style, donner des idées ou simplement, traîner là jusqu’au
prochain grand ménage. Partir à la
découverte d’un tel lieu est un privilège et j’ai été invitée à visiter l’antre
de Guillaume Massicotte.
En roulant vers Champlain ce soir-là, je me posais mille
questions. À qui aurais-je affaire? Un vieux loup sauvage peu sympathique terré
dans sa grotte au fond du champ? Un
illuminé qui ramasse la poussière et la fait vieillir? Un freak
du pointillisme? En fait, je me
doutais qu’il n’était rien de tout cela, j’avais déjà vu quelques-unes de ses
œuvres sur le site «aimelareau.com » et au Temps d’une pinte. Je
partais donc à l’aventure, la curiosité bien aiguisée.
L’antre de Guillaume, mon grand-père l’aurait décrite comme
une « grosse shed », est situé juste derrière sa maison. Plancher en ciment, petit escalier dans un
coin pour monter au 2e, dans un genre de grenier, fenêtre donnant sur-le-champ,
où un grand drap fleuri nous regarde ayant l’air de dire qu’il a le droit
d’être là, que c’est voulu (et ça l’est, Guillaume le fait vieillir, c’est
intéressant la sérigraphie sur du tissu apparemment!) Guillaume est là, dans ce
lieu sacro-saint où il échappe à la rumeur de la maisonnée pour s’exprimer
librement dans son art. Comme le temps
est compté avec des enfants, il privilégie le soir pour créer. Une grande toile en canevas est accrochée au
mur : des têtes rapetissées sur tige se mêlant à des herbes hautes, se
tenant là dans ce champ qui semble s’être fait salir par la pluie dégoulinante
de gris. Il la laisse là, pour la voir,
la nourrir au fil des idées. Il commence
une œuvre, puis une autre, le temps que ça sèche. Il y en a plusieurs comme ça, empilées les
unes sur les autres, en chantier. Ironiquement,
tout près des têtes noires, il y a cette autre toile, plus petite, une jeune
femme, semblable à une icône, baignant dans la mousse avec une sorte de douceur
et de sensualité. Elle en est à sa
deuxième vie. Peut-être que l’icône disparaîtra,
Guillaume n’en sait rien pour l’instant.
Le processus créatif de Guillaume est simple, il s’inspire
de tout ce qu’il l’entoure, la nature, les gens, les fait divers, les anecdotes
racontées par ses amis. Son atelier est une caverne d’Alibaba pour les curieux
comme moi. Chaque pouce carré est
comblé, des affiches roulées, des sacs de tissus, des gallons de peinture, des
bouts de bois, des magazines, des cadres, etc.
Il fonctionne comme un écrivain, compilant données, photos, coupures de
journaux, vieilles revues. Il lit
beaucoup, écoute tous les genres de musique, bref, tout l’inspire et c’est la
peinture, l’illustration aussi, qui est son canal d’expression. Il suit ses mains et comme des mots,
celles-ci racontent des instants qui seront interprétés par celui qui regarde, « le
lecteur », qui se fera sa propre histoire.
Une œuvre sans prétention, vraie et sentie. Guillaume a beaucoup d’idées, il aime
dessiner, il pourrait faire de la bande dessinée? Peut-être, c’est un projet qu’il a en tête,
éventuellement, quand il aura plus de temps et une histoire bien plantée.
Récemment, il participait au projet « empreinte
mélancolique » en collaboration avec la BIECTR et les Écrits des Forges,
un projet alliant estampe et poésie, où il s’inspirait des mots de David
Goudreault, poète et slameur, pour créer une œuvre d’un mètre cinquante
intitulée : Le retour des dindons.
Membre de l’atelier Presse-Papier, Guillaume est un touche à
tout, intéressé par l’estampe, la sérigraphie, l’illustration, les
fanzines. C’est un curieux, aimant
vagabonder dans les villes, s’abreuvant à tout ce qui l’entoure, cherchant dans
les brocantes et autres lieux grouillant de vie, l’inspiration, les projets qui
baigneront dans sa tête, pour ensuite alimenter ses œuvres.
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