Quand «forger» prend tout son sens!

À l'approche de l'hiver, Marie-Josée Roy se prépare à délaisser son lieu de travail principal, la forge "La Salamandre", pour aller se réfugier au chaud, chez elle, où elle est installée pour l'autre volet de son art, la peinture.  Drôle de lapsus.  On s'imagine plutôt que le feu de la forge apporte la chaleur, mais il y fait très froid en janvier et février, et même en novembre, malgré le soleil qui chauffe sur l'atelier.  Bien que quelques fenêtres laissent pénétrer lumière et rayons du soleil, c'est sombre aussi, la forge.  Qu'est-ce qui peut bien attirer une jeune femme à vouloir suivre les traces d'Héphaïstos, d'attiser le feu, de cogner sur le métal en fusion?  Un métier que l'on sait dur physiquement.  Le forgeron, c'est l'homme fort du village gaulois!  Il y a des forgerons célèbres, mythiques, mais pratiquement aucunes forgeronnes...

En l'écoutant me raconter son cheminement, je ne peux qu'imaginer la petite fille,  les yeux rivés sur un père qui maniait la torche et l'enclume.  La force et l'assurance qui devait se dégager de cette homme l'auront inspirée à faire de même, à fusionner des matières, les onduler, les tordre, pour ensuite les transformer en quelques choses d'unique.



Il y a déjà quelque chose de particulier dans le fait de concevoir une oeuvre.  L'acte de créer, de donner forme à quelque chose est d'autant plus remarquable si cette pièce est fabriquée à partir d'un métal noble, comme le bronze, il y a alors une valeur de longévité, de pérennité. Les sculptures de Marie-Josée Roy ont ceci de particulier, elles renferment souvent un personnage, fondue dans l'oeuvre, partie intégrante de cette oeuvre, témoin de la vie, porteur d'un message.  Malgré l'alliage brut, on sent une féminité derrière ses pièces, une douceur dans la torsion du métal, on ressent la chaleur du feu, mais aussi des mains de l'artiste, le regard d'une femme sur la vie.  L'imagination prend souvent sa source dans l'expérience de vie de l'artiste, de ses aspirations, de ses désirs.

Le chemin pour se rendre où elle est maintenant a nécessité autant de patience à Marie-Josée Roy qu'une oeuvre achevée peut demander de manipulation avant le résultat final.  C'est dur, c'est physiquement
exigeant, il faut avancer pas à pas dans les étapes et ça avance souvent très lentement.  Les métaphores entre le terme forger et le fait de créer ne manquent pas, ils s'allient ensemble comme les métaux! Si le terme forger avait auparavant aussi le sens de "créer" et au sens figuré d'imaginer, d'inventer, le terme forgeronne lui sied aussi bien que les personnages longilignes intégrées dans ses sculptures.  Si l'on considère que 5 000 avant J.-C. le travail de forgeron est apparu pour répondre à un besoin, soit la conception d'objets usuels solides, fait pour durer, Marie-Josée Roy est devenue forgeronne pour répondre à son besoin de création, celui de donner naissance à des objets, non du quotidien, mais des pièces fabriquées pour exprimer une vision de la vie, sa vision de femme, que notre oeil pourra à son tour intégrer dans son quotidien, en lui donnant le sens qu'il veut!
www.mariejoseeroy.com

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