Oeillé vers le large

Quelqu'un, un jour, m'a présenté une oeuvre, qui par la suite, a été l'initiatrice d'une petite aventure.

Il s'agissait d'un buste, de la grosseur d'un oeuf d'autruche, tellement parfait que j'avais l'impression qu'il respirait.  Cette pièce avait été conçue par Gérard Thériault, artiste vivant à Baie St-Paul.  

Environ deux ans plus tard, je me rends là-bas.  Lors d'une promenade, je me donne pour mission de trouver l'atelier de Gérard Thériault.  Mes recherches me conduisent sur le chemin du Cap-aux-Rêts.
Je reconnais que j'y suis arrivée lorsque, le long du chemin, je vois dans la roche un visage sculpté.  Je lève ensuite les yeux et surprend un homme de clous rouillés supportant une partie de la maison.  J'y étais.  Je vais, curieuse, à la porte de l'atelier attenant à la maison.  Personne.  J'erre autour dans l'espoir de croiser l'artiste, je rencontre plutôt une autre imposante sculpture en clous rouillés.  C'est un homme, sis près du rivage, qui d'une main regarde au loin et de l'autre, pointe vers le fleuve.  Les détails de l'oeuvre me jettent littéralement par terre! 
Quelques années plus tard, je suis à nouveau à Baie St-Paul et décidée à rencontrer Gérard Thériault.
Je me rends à nouveau sur le chemin menant à la résidence-atelier de l'artiste.  L'homme de clous, qui pointait vers le majestueux fleuve, n'est plus.  Je suis bouleversée.
Je retourne bredouille me balader au centre-ville et qui j'y trouve devant la bibliothèque... l'homme de clous.  Voici ce que je lui ai dit :

«Je t'ai aperçu pour la première fois, tu pointais le large.
 Ce jour où je t'ai revu, devant la mer, tu n'étais plus.

Jusqu'au village ils t'ont transporté.
Pour te rendre hommage, ils t'ont déplacé.

Car en ce jour, tu as disparu.
Toi, le sculpteur, par qui l'alliage fût.»



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