Chemin faisant

Marcher, respirer l'air, observer.  Il y a là matière à scénarisation. 
À Montréal, en 1999, je marchais pour me rendre au travail.  C'était comme un film que je suivais pas à pas.

«Tous les matins, je passais par le même chemin,
le trottoir, le pavé, les autos, les gens.

Au coin Papineau/Ontario, c'est là que ça commence!
Le premier qui me dit que c'est là, lui y'est ailleurs.
Peut-être vit-il dehors, le ventre vide, mais surtout la gorge sèche...
LA goutte qui pourrait lui faire tout oublier, lui faire oublier qu'il est là.

La brigadière au coin de la rue, le livreur qui sort son bicycle, ça y est, je l'ai dans le collimateur, la voilà!
Ça commence par une tête rouge qui déteint sur son linge, ça dépend des jours, parfois elle est bleu.
Je ne parle pas de ses cheveux, je parle de son Être. 
On s'habille selon nos humeurs, mais elle, quand je la vois, elle m'arc-en-ciel.

La pute qui fait du pouce, le vieux macro qui stoppe son char, oups, je l'accroche du coude, il vient vers elle.
Bras dessus, bras dessous, ils se supportent. 
Premier amour, premier printemps, point de remords ni de tourments. 
Le vent du nord qui les chatouille, le vent du sud que les magouille.

Je continue du côté du soleil, je regarde l'autre bord, c'est toujours pareil. 
Tiens, les cheveux en brosse, ça fait deux fois que je le vois, il s'en va sur son vélo, bien droit. 
Je crois qu'il a été dans l'armé, si c'est pas ça, c'est un paumé.

Vla l'autre et sa sacoche dans le cou, avec ses joggings pants, y'a quasiment l'air fou. 
 Je suis correct dans le temps, j'aperçois l'horloge Molson.  Fiouf, c'est pas encore 8:30 qui sonne!

Me voilà rendue sur St-Timothée, la rue qui ne devrait pas être one way.
Moi, ça ne me dérange pas parce que je suis à pied.
Bon, je vois le coin de la bâtisse qui se pointe le nez.  Je suis arrivée, mon heure a sonné.»

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